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le blog de l'institut
13 avril 2007

Ca revient pratiquement au même.

Christ_a_la_colonne
Antonello Da Messina
Christ à la colonne.


Je vois que vous regardez ces gens. Effectivement, il y a à redire n'est-ce pas ?
Ou il n'y a rien à dire, ça revient pratiquement au même.
C'est dans ce genre d'endroit, un bar, rien de bien clinquant, que l'étude de espèce humaine s'avère excitante, ou déprimante, ça revient pratiquement au même.
Oui, je n'arrête pas de me contredire, n'est-ce pas une preuve d'intelligence ? Vous acquiescez.
Accroché à des heures tardives, je vois que vous essayez de découvrir, de déchiffrer votre visage dans le miroir derrière le bar, strié de bouteilles d'alcool fort et de volutes de cigarettes. Immobile au milieu de ce vacarne, votre tête d'ange apparaît faussé, dénaturé, diaphane, et vous cherchez, certainement, à recouvrir les traits du petit garçon de jadis. Vous avez honte de lui certainement? Pensez-vous qu'il vous jugerais?
Oh, méfiez-vous, le pire juge, celui qui peux vous envoyer au fond tu trou pour perpette, c'est vous même. Personne ne vous fera autant de mal que vous même.
On ne peux pas vivre avec soi même, en harmonie. On signe un contrat « à l'amiable » on limite les dégats le plus possible. Et puis, on raie des pans entier de contrat, on tranche à vif dedans. Pensez un peu à tout ce que vous n'avez pas respecté, tous ceux que vous avez trahit, aux mensonges que vous vous êtes fait à vous même.
Il y a dans la tête de chaque homme, une dose redoutable d'amertume et de nostalgie, auquelle ne résiste aucune boite crânienne. Ne l'actionnez surtout pas. Il n'y aurait plus de retour en arrière. Si le mal est installé, il va couver, se faire discret, pour ressurgir des 20 ans plus tard, et vous frapper là ou ça fait mal. Alors oui, face à cet état de cause, finalement, réfléchir, ici, au milieux de cette fange humaine alcoolisé, menteuse, tricheuse et dépravé, c'est peut être ici qu'on ressent le moins sa propre condition. Ou qu'on la ressent le plus, ça revient pratiquement au même.
Vous l'aurez compris, avec l'expérience, on se rend compte qu'il ne sert à rien de fuir. Mais on continue à se poser des questions, on cherche à se prouver qu'on est encore en vie. Il n'y a rien de tragique la dedans. Absurde? Certainement. Et alors?
S'accouder à se bar, rapprocher le cendrier, faire signe à la barmaid, lui parler à l'oreille, tourner sa tête vers le miroir, inspirer un instant, et poser cette minute au milieu d'une pile d'autres minutes, toutes passés tant bien que mal. Il n'y a rien d'autre à faire.
Vous évitez le regard des autres hommes. Je le vois. Ce ne sont pas vos bourreaux vous savez? Oh oui, je vous comprend. Un vague dégout.
Regardez, votre verre arrive. Buvez avec éléguance. C'est une rébellion vis a vis de toute cette laideur putride d'être éléguant aujourd'hui. Dans vos geste et dans vos réactions.
Vous connaissez ce mythe du cimetière des éléphants ? Les éléphants se sentant mourir quittent le groupe, et vont s'isoler, seul, pour aller mourir, au cimetière des éléphants. Ils veulent garder leurs dignité face au groupe, et aller agoniser loin d'eux.
Vous connaissez la route du cimetière des éléphants. Vous l'avez aperçut.
J'en reviens peut être, moi même. J'aurais certainement des choses à vous dire. Mais la nuit est encore longue. Laissez moi m'installer ici.
Du gin, oui, merci.

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Commentaires
M
Le cimetière des éléphants est un mythe. 'fin je crois.
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