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le blog de l'institut
8 décembre 2006

D'un jour l'autre.

bacon

Francis Bacon
Caged.


Je ne suis pas toujours à l’institut.
Quand je ne débloque pas trop, je vais a la fac. C’est un autre genre d’institut, c’est un peu moins propre et il n’y a pas de médicaments. J’ai pris une bonne dose de Xanax et je suis allé dans le tram.

Par ordre d’entrée en scène : des particules infimes, dans un désordre indescriptible. Puis, résultat de leurs accouplements, les premiers atomes qui tendent , eux aussi, des liaisons explosives au cœur d’astres brûlants.

Je me tourne toujours du côté de la fenêtre dans le tram. Un vieux délire et parle de Valérie Giscard d’estaing. C’est clair que c’est super drôle comme prénom. Par bonheur, il n’a pas été président, enfin faut voir…
Quand le tram bouge, les gens tanguent avec lui dedans. On dirait de la barbaque, des pieces de viandes dans un camion réfrigéré qui se balance, inertes, et qui se cognent, en faisant comme si de rien n’était. Des milliers comme ça, avec un peu de rêve et de tristesse au milieu de leurs graisse et de leurs lacheté.
C’est le Xanax qui doit me faire effet.

Pas trop près ni trop loin d’un astre opportun, la Terre s’isole derrière son voile et prend le relais des étoiles pour faire évoluer la matière.

Prendre l’ascenseur…être gêné , coincé, pris au piège devant la porte…Sortir au prochain étage..Finir a pied…Respirer…L’institut me manque.
A l’institut, quand je me promène dans la cour, je suis certain d’être le plus grand et le meilleur des enfoirés de tous les instituts de la planète, et que je suis vraiment un gars important a ce niveau . Mais dehors, je sais pas ce que ca vaut, si ça se trouve, il y en a des mieux que moi. Si ça se trouve, non.
Ecouter un cours, parler, écrire « va te faire cuire le cul » sur la table, regarder si on a répondu a mes annonces matrimoniales sur la même table.

Il pleut sur la planète. Tombées du ciel, de subtiles molécules s’agencent dans les lagunes et inventent les premières gouttes de vie.

Je pense que je suis a côté de la plaque, que je ne devrais pas raconter tout ça. Peut être que ca viendra plus facilement après, pour l’instant, je ne me pose pas la question, je sais que vous êtes indulgents.
Le véritable problème, c’est que j’ai appris récemment qu’il ne fallait pas beaucoup mélanger la pâte a pain, pour ne pas lui donner de l’élasticité. Je trouve que ca remet en question pas mal de choses mine de rien. Ca fait des millenaires qu’on pétris la pâte a pain des heures pour la rendre meilleur…Mais si on ne l’avait pas toujours fait ? On auraient la même gueule aujourd’hui ?

Les cellules, trop longtemps solitaires, se retrouvent solidaires. Un monde haut en couleur s’épanouit : les espèces naissent, meurent, se diversifient. La vie croît et se multiplie.

Peut-être que Jesus n’aimait pas le pain de l’époque. Il n’y avait surement pas de levure, enfin, je n’en suis pas sur…Mais ca devait certainement être lourd a digérer…Et puis tous les jours se bouffer un truc infect, ca donne des idées…Autant se faire crucifier que de ne pas pouvoir manger de pizza avec une pâte fine et croustillante.
D’ailleur, cette nuit, j’ai rêvé que je faisais un combat de boxe contre Jesus christ de nazareth. Je vous en parlerais surement.
Des milliers de pièces de viandes qui prennent le tram pensent ce genre de choses dans le journée. L’essentiel étant de pouvoir se réveiller le matin, et de se sentir les tripes d’envoyer chier cette journée , encore, d’un jour l’autre.
Moi, je me lève le matin, je bois un grand verre de kérosène , et je me déclare opérationnel.

Des petits singes malins naissent dans un monde de fleurs. Pour résister à la sécheresse, leurs descendants se redressent et découvrent un nouvel univers.

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Commentaires
A
Hey mais il est nu, le monsieur !
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